Le CRT de Bretagne est un outil de développement et de marketing du tourisme régional, notamment vis à vis des clientèles étrangères. Le point avec la responsable du pôle promotion et communication.
Next Tourisme : Que constatez-vous en matière d’évolution des attentes et pratiques des voyageurs, voire de nouveaux profils de visiteurs ?
Charlotte Le Thiec : Nous venons justement de dévoiler les résultats de notre dernière grande étude de fréquentation. Elle révèle plusieurs évolutions importantes. D’abord dans la typologie des séjours avec une fragmentation ainsi qu’une progression de l’itinérance et le développement des plates-formes de location.
Ensuite un engouement qui se confirme pour un tourisme plus durable, voire plus responsable. On constate ainsi une augmentation de la pratique des activités de pleine nature, telles que les balades et randonnées à pied et à vélo, les visites de sites et d’espaces naturels ainsi qu’une recherche d’enrichissement personnel, d’authenticité et de partage confirmée par une progression des découvertes culturelles, patrimoniales, et gastronomiques. Ces activités permettent à la fois la déconnexion, le ressourcement, la reconnection à la nature, la simplicité… Le slow tourisme par essence. A cela s’ajoute une très forte poussée des mobilités douces qu’il s’agisse de la part des séjours réalisés en train comme de la diversification des modes de déplacement utilisés au cours du séjour.
Enfin, un développement de l’immédiateté dans les usages et pratiques avec des délais de réservation raccourcis et une présence encore accrue des outils numériques tout au long du séjour.
Comment adaptez-vous votre communication, et justement votre présence numérique en particulier, en conséquence ?
D’abord nous travaillons à optimiser et développer nos propres outils. Notre site est en amélioration continue, notamment sur mobile, nous travaillons et auditons l’expérience utilisateur sur cette plate-forme, mais nous avons aussi une forte présence sur les réseaux sociaux et ceci y compris sur les marchés étrangers. 5 langues sont ainsi mises en œuvre pour développer une large influence. Instagram est le réseau le plus performant en termes d’engagement, mais nous réfléchissons aussi de très près à investir de nouvelles plates-formes comme TikTok ou Twitch en produisant à termes des contenus plus orientés vers la vidéo et incarnant nos destinations auprès des clientèles plus jeunes et digital natives.
Nous menons également différentes campagnes de communication online via YouTube & Meta ainsi que des partenariats avec différents médias très majoritairement online. Dans ce cas notre stratégie n’est pas de faire du mass media mais au contraire de travailler avec des médias très affinitaires afin de renouveler l’image du territoire auprès de nos cibles et notamment séduire ces actifs sans enfants qui voyagent en dehors de l’été et plusieurs fois dans l’année.
Enfin nous nous appuyons sur des influenceurs pour séduire notamment les primo-visiteurs. On sait que 2 visiteurs sur 5 choisissent leur destination de séjour sur les recommandations de leur entourage et qu’1 internaute sur 4 suit un influenceur. Nous développons des collaborations avec des influenceurs qui portent les mêmes valeurs que nous, nous les invitons à découvrir différentes facettes du territoire et ensuite ils sont libres dans le récit de leur expérience. Nous menons de belles opérations, avec de très bons résultats sur le plan de l’engagement, dont je reparlerai en détail lors de mon intervention dans le cadre de Next Tourisme le 8 juin. J’ai notamment en tête la série de podcasts « Rendez-vous en Breizh Inconnue » avec l’humoriste Marine Baousson.
Quels sont les grands axes du positionnement que vous souhaitez valoriser dans les années à venir ?
Nous disposons de 4 grands points forts en phase avec notre positionnement slow tourisme actuel : l’accueil et l’hospitalité des bretons, la richesse et la valorisation de notre patrimoine, un environnement naturel et des paysages d’exception, une destination rassurante et préservée. Aujourd’hui nos enjeux sont multiples : pérenniser l’activité économique touristique qui représente 8% du PIB régional mais également minimiser l’impact du tourisme sur l’environnement en accélérant la transition des acteurs, en sensibilisant les visiteurs, en encourageant les mobilités décarbonées et en préservant notre cadre de vie, notre identité, nos patrimoines. Il est aussi essentiel de garantir le bien-être des communautés : visiteurs comme habitants en s’assurant de l’acceptabilité du tourisme par les locaux, en optimisant la répartition des flux dans le temps et dans l’espace, en ramenant des clientèles vers la Bretagne intérieure afin d’éviter les phénomènes de concentration, et permettre à tous les territoires de bénéficier des retombées économiques.
C’est pourquoi nous avons initié il y a quelques mois un travail autour de notre plateforme de marque. Nous réinterrogeons notre positionnement afin de proposer en 2024 un nouveau territoire de communication en accord avec nos enjeux.
Charlotte Le Thiec interviendra lors du débat « Destinations touristiques : entre repositionnement et diversification » le 8 juin 2023 dans le cadre de la conférence Next Tourisme
Programme Next Tourisme 2023