Intercités ce sont les trains longue distance de la SNCF sur lignes classiques (hors lignes à grande vitesse), et notamment les trains de nuit. En charge de la partie offre produit, Frédéric Laurent-Miel  évoque ici sa stratégie pour développer ce réseau. Un entretien réalisé par les étudiants de l’Escaet pour Next Tourisme.

Next Tourisme : Pourquoi les lignes de nuit sont-elles en plein renouvellement ?
Frédéric Miel : Le nouvel essor de de ces lignes d’équilibre du territoire est voulu par le gouvernement, et SNCF Intercités est l’exploitant qui permet d’accompagner ce défi. C’est un défi car ce sont des matériels très anciens et très spécifiques, opérés sur des lignes très longues, exploitées sur des anciens tronçons ferroviaires qui demandent beaucoup de maintien d’infrastructures, de ressources humaines, de renouvellement de voie… Cela nécessite une forte implication et du soutien pour assurer ce service public indispensable au désenclavement des villes moyennes, qui participe à la transition écologique.

En tant que producteur de ces trains de nuit, nous souhaitons redynamiser la mobilité ferroviaire et participer à cette  véritable évolution de la société : les clients plébiscitent ces modes de transport autrefois tombés dans l’oubli qui reviennent dans l’air du temps. Nous avons eu une véritable attention médiatique lorsque nous avons relancé le Paris – Nice l’été dernier. Cela a eu pour effet de mettre en avant les autres trains de nuit existants, de remettre sur le devant de la scène la magie de ces trains, qui démontre aussi de vrais bouleversements sociétaux. Ce qui est sûr aujourd’hui c’est que la nouvelle génération mesure chaque unité de carbone et de kérosène du voyage, et fait attention à son empreinte écologique. Elle porte une véritable responsabilité sociétale en considérant que le transport est un acte citoyen qui doit passer par des usages plus vertueux dont le train fait évidemment partie, aussi bien sur de longues que des courtes distances. Il y a aussi un regard différent sur le tourisme : on se rend compte qu’en allant sur les anciens réseaux ferroviaires on arrive à toucher des régions qui était un petit peu oubliées, endormies. C’est là que se redécouvre la vigueur de nos territoires.

Quelles mesures avez-vous mis ou comptez-vous mettre en place pour capter une clientèle jeune et urbaine qui a souvent l’habitude de prendre l’avion ?
L’attractivité ne passe pas seulement par la vertu écologique de ce mode de transport même si elle est évidente. La jeune génération le sait déjà. Notre devoir est de la rendre visible à tous, mais aussi de faire comprendre que les enjeux sont multiples. Notre travail sera aussi de réveiller un peu l’émotion de ce train car nous savons qu’il y a un attachement sincère et historique des français au train de nuit, il y a un imaginaire collectif. Je suis toujours surpris de constater lors d’échanges avec nos clients que chaque personne a un souvenir, une anecdote sur le train de nuit : Cela évoque l’enfance, le fait de partir en famille, de se réveiller loin de chez soi, de prendre le temps d’admirer le paysage, le vrai temps du voyage. C’est véritablement un attachement émotionnel et la force de ces trains uniques.

Et nous allons bien sûr mettre en avant les services, les nouveautés : par exemple des douches à Paris Austerlitz pour les clients de 1e classe, le lancement d’un train en saison pour la côte basque dès cet été… Nous réfléchissons aussi à améliorer le service et proposer du haut de gamme mais il faut d’abord couvrir tous les usages et à un prix juste, abordable. Enfin nous proposons une offre de nuit très diversifiée, avec des tarifs très compétitifs. J’aurai l’occasion de développer tout ceci lors de mon intervention dans le cadre de Next Tourisme le 9 juin.

Pensez-vous que le train de nuit a de beaux jours devant lui ?
Oui, le réveil du train de nuit aura bien lieu : la courbe est redevenue croissante, c’est certain. C’est un vrai changement par rapport à 2017 où l’on fermait des lignes que nous réouvrons aujourd’hui pour certaines, et c’est tant mieux ! Par exemple, nous réouvrons les destinations de nuit vers la Côte Basque pour cet été. On voit bien que c’est une nouvelle dynamique, un vrai changement pérenne, les engagements qui sont pris sont vraiment sérieux. Et puis le fait que d’autres opérateurs privés, et d’autres opérateurs y compris internationaux, font la même transition l’illustre également. C’est bien plus fort qu’un effet de mode. Je pense que c’est un effet durable.

Et pour ceux qui hésitent, il faut aller voir les destinations et nos prix : c’est le meilleur argument ! Il y a tellement de choses à faire avec le train de nuit, Voyagez pour l’expérience, cochez la case en faisant juste un aller-retour, et vous allez voir…

Frédéric Laurent-Miel interviendra dans le cadre de la conférence Next Tourisme du 9 juin 2022